Mettre l’élève sur la voie, l’aider sans créer une dépendance, surtout lorsqu’il est confronté à un obstacle, contrôler d’éventuelles frustrations par la mise en confiance, ces aspects se retrouvent dans la pratique d’entretien comme caractéristiques de l’action de médiation de l’enseignant. Le médiateur est responsable de la « mise en place des conditions les plus propices à l’établissement de processus d’apprentissage » (Lenoir, 1996, p.233).
L’auteur différencie deux dimensions de l’apprentissage : la cognitive et la didactique. L’aspect cognitif fonde la connaissance de l’objet d’abord sur la construction conceptuelle qui tient le rôle de représentation mentale. L’aspect didactique, expression de la fonction sociale de l’enseignant médiateur « consiste à aider l’individu à percevoir et à interpréter son environnement »(id., p. 241).
La médiation didactique ne se réduit pas « au seul rapport au savoir savant », elle est une médiation sociale qui permet à l’interaction de devenir structurante, au sens de Not (1988). Ainsi, lorsque l’enseignant contre-argumente, provoquant une situation de déstabilisation, l’élève cherche à convaincre en argumentant, en réfutant, en construisant une nouvelle procédure.
La médiation prend alors un caractère inter-structurant : la confrontation de réponses socialement et logiquement différentes, a une incidence sur la construction des structures cognitives de l’élève et sur la conduite de l’enseignant. Le mécanisme du conflit alors généré par le médiateur repose, selon Doise et Mugny (1997), sur trois points. La confrontation permet d’abord, la décentration qui est prise de connaissance d’une opinion différente. Elle fournit ensuite une information nouvelle qui peut s’intégrer à la palette originelle, coordination de différents points de vue. Elle permet enfin d’inscrire l’activité dans une pratique interactive dont la fréquence augmente les effets de structuration.
Extrait de l’Entretien cognitif à visée d’apprentissage, de Michel Perraudeau. Harmattan, 2002.