On les a vus dans un documentaire étonnant, ces petits élèves de maternelle aux prises avec des notions compliquées comme la mort, la différence, l’amour ou le pouvoir.
Leurs enseignantes ne désarment pas : c’est maintenant un Rallye Défi Philo qu’elles ont proposé à toutes les écoles de Seine-et-Marne pour encourager leurs collègues à se lancer dans l’aventure des ateliers de réflexion à visée philosophique.
Sélectionné pour être présenté au 4ème Forum des Enseignants Innovants à Lyon les 20 et 21 mai 2011, l’ambitieux projet de Pascaline Dogliani et Isabelle Duflocq, aidées par Jean-Charles Pettier, responsable des fiches Philo de Pomme d’Api, se révèle plein de nouvelles promesses : Isabelle Duflocq nous raconte ses évolutions depuis les premiers pas, au Forum de Rennes en 2008.
Le Rallye Défi Philo, c’est une nouvelle aventure ?
Isabelle Duflocq : C’est plutôt la continuité des ateliers à visée philosophique, que nous avons commencé de manière expérimentale depuis 5 ans. Entre temps, il y a eu la rencontre avec la productrice Cilvy Aupin et l’équipe de tournage, qui nous accompagné pendant deux ans, un livre, et puis les contacts avec différents partenaires, à travers le projet de l’Unesco, notre association avec Philolab...
Les collègues que nous rencontrions avaient envie d’essayer à leur tour, mais n’osaient pas se lancer seuls, tandis que les pionniers du début commençaient à se sentir un peu isolés. Comment mettre du lien entre tous ces enseignants ? Le Rallye nous a semblé la meilleure solution : c’est un outil pédagogique déjà bien rôdé dans d’autres disciplines, on travaille à plusieurs sur le même objet, puis on se réunit et on se lance des défis lors de rencontres. Nous avons lancé le projet en début d’année.
Nous avons contacté tous les collègues que nous connaissions, en leur proposant ce protocole : s’engager pour l’année avec sa classe, s’obliger à des temps de formation, organiser au moins un atelier philo par mois en classe et participer à 2 voire 3 rencontres interclasses dans l’année. Enfin, participer à la rencontre finale qui rassemble tous les participants.
Cette rencontre est vraiment le point fort. Elle a eu lieu début mai, au Château de Vaux le Vicomte, qui nous a ouvert gratuitement le domaine pour accueillir les 720 élèves des 30 classes inscrites pendant deux jours. Nous avions choisi deux thématiques : le Beau, à cause de l’architecture du site, et l’amitié, pour l’inimitié entre Fouquet et Louis XIV.
Avez-vous été soutenues par l’institution dans cette démarche ?
Isabelle Duflocq : Ce premier Rallye a été lancé très vite à la rentrée, nous n’avons pas vraiment eu le temps d’officialiser le dispositif. Mais nous avons rencontré l’IEN de circonscription, qui a accepté de proposer ce projet, dans le cadre des animations pédagogiques de circonscription, à toutes les écoles primaires et maternelles. Tous les enseignants pouvaient s’engager – mais de manière volontaire et bénévole, hors temps de travail et sans prise en charge de frais. Notre partenaire, Bayard Presse, a accepté d’offrir un abonnement Pomme d’Api gratuit, avec les fiches philo de Jean-Charles Pettier qui travaille avec nous, à toutes les classes concernées - ce qui permettait d’avoir un outil de base minimum pour démarrer. (suite)
LES ENFANTS DE LA PHILOSOPHIE Ce blog à pour objectif de - Créer un espace de paroles, d’échanges, de découvertes, de questionnements, de recherches entre des enseignants de l’école maternelle, élémentaire, spécialisée -Entrer dans un projet innovant : le Rallye-Défi-Philo - Trouver des liens vers d’autres blog ou sites liés au développement de la PHILOSOPHIE
Mais n’est-il pas présomptueux de supposer de telles capacités chez les moins de 5 ans ?
Prendre le temps de s’interroger ensemble. Apprendre à penser ne signifie pas plonger d’emblée dans les méandres de l’abstraction philosophique. Mais si l’on admet que l’enfant est déjà doté de toutes ses potentialités mentales, on peut lui proposer d’exercer sa raison sur des questions qui parfois le saisissent et le laissent sans réponse, et qui trouvent rarement leur place dans la vie familiale ou scolaire. Questions à la fois simples et complexes, comme celles qui concernent la mort, la différence, l’amour, le pouvoir, qui trament notre existence du début à sa fin sans trouver d’explications satisfaisantes. Lorsqu’elles surgissent à l’improviste de la part des enfants, ces interrogations laissent l’adulte démuni et déstabilisé dans sa position de maîtrise du réel. Pourquoi alors ne pas leur accorder le temps d’attention nécessaire pour y réfléchir ensemble et comprendre pourquoi elles ne peuvent pas être résolues par des réponses pratiques ou scientifiques ? En sortant du rythme alterné des apprentissages structurés et du divertissement ludique, on peut ouvrir l’espace et le moment favorables à la construction méthodique de la pensée. Même avant 5 ans ?
Un projet pour... Apprendre à penser et réfléchir à l’école maternelle par Jean-Charles Pettier, Pascaline Dogliani et Isabeklle Duflocq Editions Delagrave – Juin 2010 119 pages - 8€
Trop petits pour apprendre à penser ?
L’article du Café sur le film de JP Pozzi et P Barrouglier : [Ce n’est qu’un début – Une expérience de philosophie en classe maternelle. (Sortie le 17 novembre )]->http://www.cafepedagogique.net/leme...]